Hupso — ex Prep Academy : 7 millions d’euros pour révolutionner les métiers en tension

La Belle Histoire est une série d’articles qui met en avant des entrepreneurs et leurs équipes – les personnages principaux – en partant de là où tout a commencé – la genèse – pour vous partager les étapes par lesquelles ils sont passés – l’épopée -. La suite ? Ils sont encore en train de l’écrire. 😉

Avril 2023, Arnaud Gracieux fondateur de PrepAcademy, annonce officiellement sa levée de fonds de 7 millions d’euros et le changement de son identité de marque. À compter de ce mois, PrepAcademy devient Hupso – littéralement “s’élever” en grec. 

Ce nom renvoie aux convictions profondes d’Arnaud, fervent défenseur de l’éducation comme ascenseur social. Pour libérer le potentiel de chacun, il crée Hupso, ex PrepAcademy, une start-up EdTech spécialisée dans la formation professionnelle à distance sur les métiers en tension. Sur un bout de canapé – entre deux rendez-vous – il nous raconte sa belle histoire. 

La genèse

Arnaud vient d’une famille d’entrepreneurs. Dès l’adolescence, il s’implique dans le milieu associatif et donne des cours à des personnes défavorisées. Après le lycée, le jeune homme se passionne pour l’économie et intègre une classe préparatoire. Il se donne les moyens de ses ambitions, travaille dur et apprend vite. Les concours lui ouvrent les portes d’HEC où il entame en parallèle une double licence en commerce et économie. 

Fraîchement diplômé, Arnaud signe un CDI en tant que consultant junior chez Capgemini et met ses compétences au service de grandes entreprises comme Thalès ou BNP Paribas. L’excitation des débuts laisse rapidement place à la routine du quotidien. “Je recherchais un projet d’entreprise dans lequel m’investir pleinement” se souvient-il. 

Une partie de ses camarades de promotion partage ce sentiment et certains se lancent dans l’entrepreneuriat. Pour Arnaud, l’idée fait son chemin et il identifie l’éducation comme son nouveau terrain de jeu. Nous sommes en 2015, ce sont les prémices de PrepAcademy.

L’épopée

Avant le grand saut, Arnaud rencontre des enseignants, des salariés de l’enseignement supérieur et des éducateurs. Il découvre en chacune de ces personnes des parcours de vie très différents. Le milieu de la formation continue est peu digitalisé, les enseignements reconnus par l’État sont difficiles à mettre en place. Arnaud décide alors de proposer de l’accompagnement aux concours : “tout a débuté avec le concours d’infirmier, le premier sur lequel j’ai travaillé. J’ai rencontré des étudiants qui étaient en train de le passer,  j’ai récupéré les cours puis j’ai entamé mes premiers accompagnements. Concrètement c’était une landing page avec des cours et du coaching.” 

En deux mois, Arnaud compte une dizaine de clients. Il maîtrise mal les leviers d’acquisition mais malgré les difficultés, le jeune diplômé prend beaucoup de plaisir. C’est suffisant pour tout quitter et troquer son quotidien de salarié contre une vie de startuper. “Monter un projet entrepreneurial, ce n’est pas seulement pour l’argent. C’est créer un projet auquel on croit.” nous explique-t-il.

A l’instar de ses clients, Arnaud est en phase d’apprentissage et se forme à l’entrepreneuriat. Méthodique, il commence par analyser son secteur pour en comprendre les rouages avant de réaliser un premier business plan et d’engager un premier développeur en freelance. Nous sommes en mars 2017 et le premier site internet de PrepAcademy voit le jour.

Arnaud enchaîne ses premiers passages de zéro à un : il contacte des premiers étudiants, envoie des mails à la chaîne, dépense ses premiers euros en publicité et quelques jours plus tard, réalise sa première vente. Pour 50 €, il propose à une étudiante infirmière d’accéder à du contenu en ligne et à un chat pendant un mois pour préparer son concours. “De mémoire, je crois qu’elle était contente. Je me souviens de cette première vente, j’ai fait une énorme soirée pour fêter ça le soir-même !” plaisante-t-il. 

Validation du concept et lancement

Pendant plusieurs mois, Arnaud est seul sur son projet. Il travaille avec quelques freelances et envisage de s’associer mais le timing n’est pas idéal. À l’été 2017, il obtient la bourse French Tech et devient lauréat du Réseau Entreprendre, deux financements qui lui permettent d’enrichir son offre de formation. 

Le début de l’année 2019 est prometteur, la start-up connaît une belle croissance et réalise en trois mois le chiffre d’affaires de l’année précédente. L’équipe se renforce avec deux premiers stagiaires pour épauler le fondateur. “Pour la petite anecdote, l’un de ces stagiaires – Cyril – fait toujours partie de l’équipe de développeurs. On peut dire qu’il a tout connu.” 

L’éternelle question persiste : comment acquérir plus de clients ? Arnaud trouve la réponse au détour d’un échange avec un salarié d’OpenClassroom dont les mots résonnent encore : “pour acheter une formation, les gens ont besoin d’être rassurés. Le téléphone est le meilleur moyen d’y arriver.” 

Immédiatement, l’équipe se lance dans la refonte du site internet pour servir la prospection téléphonique. Arnaud décide de s’associer à Clément Vignal, un ami de longue date. Clément quitte son job de sales pour rejoindre l’aventure et ensemble, ils imaginent leur belle histoire : celle d’une entreprise fondée par deux amis d’enfance.  

En 2020, la pandémie mondiale et ses confinements successifs viennent freiner le développement de la start-up. Le trafic sur le site chute, les gens n’ont pas la tête à l’apprentissage mais la fin du premier confinement marque le retour de la croissance. De nouveaux commerciaux sont embauchés et l’entreprise passe de 20 à 70 000 € de chiffre d’affaires mensuel. 

Le moral est au beau fixe jusqu’à l’automne 2020 et le confinement hivernal. “Les prévisions ont été mal faites, nous avons minimisé l’impact du moral sur la vente. Les objectifs n’ont pas été atteints et nous avons dû changer notre stratégie.” Désormais, les apprenants sont au centre de toutes les préoccupations. Les équipes améliorent leur capacité d’écoute, les conseils prodigués sont plus précis  et le taux de conversion explose. “Je comprends qu’on ne vend pas simplement de la formation mais des projets de vie.” nous explique le fondateur. 

À l’été 2021, PrepAcademy étoffe son offre pour délivrer une formation diplômante en plus de l’offre de préparation aux concours. Les élèves disposent d’une plateforme d’apprentissage entièrement personnalisée grâce à l’analyse de données, ainsi qu’un accompagnement à distance. Les formations aux métiers d’infirmiers, de professeurs des écoles et de managers dans le BTP deviennent des offres phares de son catalogue. Cette période est charnière pour la start-up qui réalise 150 000 euros de ventes de formation en seulement deux mois. 

La levée de fonds

À l’automne 2021, Arnaud se lance dans une levée de fonds et décide de s’entourer d’un leveur de fonds pour gagner du temps et maximiser ses chances de réussite. Toujours en position d’apprenant, le fondateur veut comprendre les tenants et les aboutissants de la levée. 

Avec l’aide de son leveur, il calcule la valorisation de son entreprise. À cette période, PrepAcademy annonce 1,5 million d’euros de chiffres d’affaires annuel et malgré des valorisations moins élevées dans le secteur de l’éducation, les deux hommes espèrent atteindre 4 millions d’euros au premier tour de table. Une fois le deck consolidé, le roadshow débute en décembre avec un objectif en tête, clôturer avant la fin de l’année.

Après plusieurs semaines de rendez-vous et de négociations, PrepAcademy boucle un tour de table de 7 millions d’euros auprès du VC Educapital et du Family Office Evolem, ainsi que de business Angels tels que Patrick Asdaghi, CEO de Foodchérie, Romain Libeau, CPO de Swile, Romain Raffard, CEO de Bergamotte, Axel et Hugo Manoukian de MoovOne et Dimitri Farber de Tiller Systems. 

Suite à cette opération, PrepAcademy devient Hupso et poursuit son développement en faveur des métiers en tension. 

La suite

Hupso compte aujourd’hui 53 salariés et 35 formations ou préparation aux concours. Les objectifs d’Arnaud sont clairs : doubler ses effectifs d’ici deux ans et passer la barre des 10 000 élèves d’ici trois ans. L’entrepreneur et ses équipes adoptent la bonne formation et se dirigent tout droit vers le cap des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.