Nelly Cornejo, Head of Adoption chez iExec et experte reconnue de la démocratisation des technologies, est intervenue à H7 dans le cadre de l’incubateur WEB3, par iExec et H7. Elle revient sur les étapes de l’adoption technologique et partage 3 leviers indispensables pour favoriser l’adoption des solutions Web3.
De nombreuses solutions Web3 émergent, soutenant de nouveaux usages. Cependant, la nouveauté et la complexité perçue du Web3 peuvent freiner l’adoption de ces solutions.
Retour sur le concept d’adoption technologique 💡
On parle d’adoption lorsqu’une technologie et ses produits sont entièrement ancrés dans les usages quotidiens d’une cible. Toute adoption technologique a un cycle de vie, représenté au travers du schéma suivant par les différentes phases du marché et les différents types d’utilisateurs.
Source : Crossing the Chasm – Technology adoption lifecycle.
- Innovators : le premier groupe de consommateurs prêt à investir et à tester le produit. Il s’agit d’une minorité, souvent des technophiles attirés par l’innovation.
- Early Adopters : les premiers utilisateurs non technophiles. Visionnaires, ils recherchent la nouveauté.
- Le Chasm : c’est l’écart de crédibilité que doit franchir le marché. Il découle de l’utilisation des premiers groupes, qui devient une référence pour les suivants.
- Early and Late Majority : la première grande vague d’utilisateurs de masse. L’Early Majority est pragmatique et a besoin de références avant de se lancer. La Late Majority est dans la tradition, arrive plus tard et achète auprès des leaders les plus établis du marché.
- Laggards : les utilisateurs les plus sceptiques qui adhèrent tardivement au produit.
La prise en compte de ces temporalités est importante. Au sein du Web3, certains pans sont plus avancés que d’autres dans le cycle de l’adoption. C’est le cas notamment de la DeFi (finance décentralisée), tandis que d’autres, comme le Métavers, mettront probablement beaucoup plus longtemps à être adoptés largement.
L’exemple d’Apple 🍏
La première génération d’iMac par Apple dans les années 90 a constitué une véritable phase d’innovation par la marque. Les Early Adopters du produit étaient majoritairement composés de technophiles suffisamment aisés pour s’offrir un ordinateur. Le chasm – basculement vers le marché de masse – s’est fait avec l’iPod au début des années 2000. Avec ce produit, Apple a souhaité créer le MP3 le plus simple d’utilisation au monde. C’est avec ce lancement qu’Apple a pu développer sa notoriété et trouver sa Early Majority.
Le hype dans le Web3 🐡
Le Web3 est partout dans le paysage médiatique. Métavers, NFT, blockchain… il ne fait aucun doute que celui-ci s’est accentué depuis que Mark Zuckerberg a re-brandé Facebook en Meta. Le Web3 Hype suit un schéma très précis. Le cabinet Gartner représente les phases d’adoption des technologies émergentes à travers un “cycle de hype”.
L’exemple des NFT :
Le lancement d’innovation (étape 1), intervient quand les médias relaient des informations comme la vente d’un NFT à 70 millions d’euros ou le fondateur de Twitter vendant son premier tweet sous forme de NFT pour plus de 2 millions d’euros.
Ces informations deviennent virales, produisant un pic d’attentes (étape 2).
La suite logique veut que les acheteurs des NFT souhaitent les revendre et faire du profit. Seulement, la bulle de hype explose et une désillusion se produit (étape 3). Pour de nombreux cas, ils n’arrivent pas à les revendre ni au prix payé, ni plus cher car cela n’attire plus autant.
Ensuite viendra l’étape de la consolidation (étape 4), où les cas d’utilisation font leurs preuves et sont largement démocratisées (par exemple, les NFT de créateurs, la tokenization de biens…). Le marché se stabilise, on atteint le plateau de productivité (étape 5). On ne parle plus de “hype” mais de “preuve”.
3 leviers pour booster l’adoption du Web3 ☄️
La communauté 🙊
Encore plus que dans le Web2, les communautés du Web3 ont un rôle crucial dans les projets. Elles sont des contributeurs investis, qui ont davantage un rôle d’investisseur que de simple utilisateur. Elles utilisent des adresses de wallet (et pas de mail) et sont beaucoup plus attentives au traitement de leurs données personnelles.
La communauté est le principal levier de croissance des projets et le marketing et la communication sont d’excellents moyens de créer des liens profonds avec votre communauté. Des plateformes comme Discord, Twitter, Telegram ou les podcast sont des terrains de jeu immenses. Vous pouvez par exemple faire appel à du marketing NFT ou à des influenceurs, plus ou moins suivis en fonction de votre budget.
À titre indicatif, pour les projets crypto par exemple, comptez :
→ Entre 250 et 13 000 $ pour un post dans la presse spécialisée.
→ Entre 2 000 et 18 000 $ pour les articles sponsorisés.
→ Pour les autres réseaux, tout dépend du nombre de followers de l’influenceur que vous sollicitez. Pour une vidéo Youtube, comptez entre 1 300 et 24 000 $.
Enfin, vous pouvez faire appel à des copywriters, dont le métier est de convaincre par l’écrit.
L’UX / UI ✨
Comme pour le Web2, l’expérience utilisateur est au centre du Web3. L’un des freins majeurs de l’expérience utilisateur dans le Web3 est l’UX/UI des wallets crypto. Dans le Web3, le wallet représente non seulement l’argent / le portefeuille de l’utilisateur mais aussi son identité numérique utilisée pour accéder à des produits ou services. Vitalik Buterin (fondateur d’Ethereum) revient dans cet article sur l’importance de créer des wallets user-friendly pour l’adoption de masse et des alternatives au monopole de Facebook et Google pour s’identifier.
Une réflexion profonde sur l’UX/UI et le parcours de vos utilisateurs vous servira par exemple :
→ À rendre votre projet plaisant visuellement ;
→ À offrir les standards user-friendly du Web2 avec les avantages du Web3 ;
→ À développer le “mobile first” – priorité aux écrans de smartphones ;
→ À maximiser votre ROI ;
→ À rester en phase avec les besoins réels des utilisateurs / communautés et faire évoluer votre produit en fonction afin qu’il soit toujours simple d’utilisation.
Le traitement des données lors de la récupération des feedbacks est également au centre des préoccupations des utilisateurs. On mise donc sur la transparence afin que l’utilisateur sache où vont ses données et comment elles sont traitées. Cela fait partie des missions de iExec au travers de sa technologie.
Les relations avec les développeurs (DevRel) 🖲️
Ici, on parle de comment les développeurs peuvent s’emparer et utiliser votre technologie dans le cadre de leur propre projet.
Rendre votre technologie attractive et la faire connaître au travers d’événements internationaux, de hackathons, de programmes de récompenses permet d’attirer les profils tech pour :
→ Maintenir la technologie ;
→ Développer de nouvelles applications ;
→ Développer de nouveaux cas d’utilisation ;
Le tout de façon collaborative !
Selena Miniscalco
Chargée de Communication
